L’Homme à l’envers (1999)

Fred VARGAS

Pourquoi lire ce livre ?

C’est la seconde enquête de Jean-Baptiste ADAMSBERG, ce commissaire lunaire mais les pieds bien ancrés dans la terre. Aidé de son équipe, dont son adjoint Danglard est le pivot, ainsi que de personnages hauts en couleurs, il va devoir résoudre une enquête tout aussi improbable que les peurs ancestrales qu’elle fait remonter à la surface.

Résumé :

réédition pour les scolaires (disponible sur Amazon)

Mon avis :

Ainsi donc, un de mes commissaires préférés revient sur scène pour mener sa seconde enquête au cours de laquelle il retrouve Camille, son ex compagne et fille de La Reine Mathilde (cf. L’Homme aux cercles bleus). Nous rencontrons donc cette jeune femme au tempérament bien trempé, menant une vie tranquille entre musique et bricolage, auprès d’un beau ‘trappeur’ canadien étudiant la vie des loups dans le Mercantour. Entre Jean-Baptiste Adamasberg et elle, tout semble fini, jeté aux oubliettes de la mémoire dont la clé est enfouie encore plus profondément que les métaux rares dans une comète lointaine. Lui à Paris, déambulant sur les quais de Seine, elle en Provence crapahutant aux fins fonds d’un village isolé.

Chacun se guérit de l’autre à sa manière, elle s’attache au présent et dévorant une revue de bricolage dès que son esprit l’emmène vers des contrées douloureuses alors que lui pense à elle, accepte la situation car il sait que la vie avec un flic en général – et avec lui en particulier – est une gageure. ‘Vis ta vie, camarade’ est sa devise pour elle, pincement au coeur en prime.


Et pourtant, l’un comme l’autre, ils sont toujours en mouvement comment leurs chemins ne pourraient-ils pas se croiser de temps à autres ?

La construction du récit nous offre les deux points de vue en commençant par celui de Camille, la voici en chair et en os, bien vivante, avec ses aspérités et ses souffrances soigneusement étouffées. Libre elle est, libre elle veut rester, ne s’ancrant que pour un temps quelque part, aussi discrète que possible mais tellement magnétique que nul ne peut rester indifférent à son charme.
C’est une Dame, pas une fille et cela fait toute la différence !
Même si camper pendant des jours dans un camion à bestiaux, suant le suint de jour comme de nuit quelle que soit la température, ne la rebute pas le moins du monde, formant un trio improbable entre un vieux taiseux et un jeune philosophe nourri du dictionnaire et d’histoires africaines, mais tous deux rejetant toute forme de loi, considérée comme coercitive par nature…

Quant à Jean-Baptiste, il fait son boulot, déléguant à son adjoint ce qui l’ennuie mais dans lequel l’autre excelle ! Immédiatement cette histoire de loup tueur dans le Mercantour l’intéresse au plus haut point. La raison ? Il ne saurait la dire, et ne la dit donc pas ! Il ne s’interroge pas vraiment non plus, il se connait…
Le pourquoi du comment viendra en son temps au gré de ses flâneries où qu’il se trouve, il le sait, il attend. La patience est dans sa nature, la force des éléments le traverse, il est le vent, l’eau, la terre et le feu quand c’est nécessaire. Et il aime Camille…

Entre tueries et superstitions ancestrales, difficile de démêler l’écheveau entre mythe et réalité.

Je vous laisse découvrir l’intrigue policière, prenez plaisir à vous laisser guider par l’auteure : vous passerez un excellent moment.

J’ai envie de partager avec vous les réflexions sur l’Amour que ce roman a suscitées en moi.

Toutes les civilisations ont une littérature orale ou écrite abondante sur ce vaste sujet, que les évolutions sociétales enrichissent au fil du temps. Cependant, quand l’affect est partie prenante, quand ‘le coeur a ses raisons que la raison ne connait point‘, nous sommes parfois bien démunis face à l’intensité de nos sentiments.
Que répondre à la question suivante : et si le bonheur de ton Amour était en dehors de toi, sans toi, que ferais-tu ? Peux-tu seulement l’envisager ?
Alors, plus simplement, que veut dire aimer quelqu’un ? est-ce qu’on aime pour soi-même ou pour l’autre ?
Aïe, ça picote un peu là, non ?

Avez-vous remarqué notre langage ? On dit ma femme, mon mari, comme on dit ma maison, ma voiture… Bref, Moi d’abord !
Aïe, aïe, ça pique réellement maintenant…

Le petit enfant qui est en nous veut être aimé absolument, inconditionnellement jusqu’à la fin des temps. Il a peur du rejet, de l’abandon, de la vie elle-même. Pour exister, à ses propres yeux comme à ceux du monde, il doit avoir la certitude qu’il est aimé et pour cela il doit posséder, maitriser, tant ses frustrations sont nombreuses…

Si l’Amour est éternel, il protège ainsi de la mort, donc si l’autre qu’on aime ne nous aime pas, on est mort : logique non ?

En fait, inconsciemment, l’être aimé peut devenir, si nous n’y prenons garde, notre doudou … Et quand on voit ce qu’on lui a fait subir, là ça fait carrément peur !

Heureusement que la plupart d’entre nous gère ces situations sans en arriver à des solutions tragiques, vivre c’est aussi souffrir, d’amour comme du reste. Avoir mal, c’est ressentir, c’est une preuve qu’on est vivant…

Et si les souvenirs heureux prenaient le pas sur les douloureux ? Rire c’est encore vivre !

Aimer et rester libre, respecter la liberté de l’autre, voilà ma définition de l’Amour…

Les oeuvres de fiction y perdraient ce que la vie humaine y gagnerait il me semble !

Bonne lecture à vous et à bientôt.

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