D’infinies promesses de Annie Degroote

COUVERTURE :
LES EPOUX ARNOLFINI PAR LE PEINTRE JAN VAN EYCK (1390-1441)

En résumé :

Au XVème siècle, en 1430 et au-delà, une jeune enlumineuse Lilloise, Naëlle, accompagnée de ses frères et cousin, vient à Bruges assister aux noces de Philippe III, Duc de Bourgogne, avec l’infante Isabelle du Portugal. Dans le cortège ducal, elle croise le regard d’un jeune chevalier, Thibault de Ghiselin, et s’en éprend aussitôt. Le coup de foudre est réciproque mais c’est un amour impossible car lui est noble et marié. Quelques temps plus tard, ils se revoient pour retrouver le très jeune neveu de Naëlle, Aubin le fol, qui a disparu juste après le meurtre de son père…

Avis de la presse :

 » Annie Degroote n’en est pas à son coup d’essai dans l’art du roman médiéval. Et comme à chaque fois le résultat est parfait, l’aventure prenante à tel point qu’on en ressort parfois un peu dépaysé en revenant en ce siècle qui est le nôtre. » Le Dauphiné libéré

Mon avis :

Je ne connaissais pas cette auteure et j’avoue que j’ai été littéralement bluffée par son écriture, son style précis, sa poésie ainsi que la somme énorme de travail et de recherches que lui a demandé ce roman.
Nous sommes en pleine guerre de cent ans, au moment ou La Pucelle est abandonnée par le roi de France Charles VII. Pourtant, dans les terres de Bourgogne, la guerre est lointaine et la vie assez paisible.
Naëlle est la benjamine de la famille, son père est maître verrier et sa mère enlumineuse. L’un de ses frères est entré au service du duc, c’est par lui que les nouvelles du monde leur arrivent.
Il est assez rare que les femmes soient lettrées et reconnues pour leurs oeuvres… C’est pourtant le cas de sa mère Insbette dont la renommée dépasse leur bonne ville de Lille. Naëlle apprend donc à lire et écrire en regardant faire sa mère et en l’imitant. Loin de s’en alarmer, ses parents l’encouragent. Un lien fusionnel unit la mère et la fille, la transmission se fait naturellement et la lecture assidue de Christine de Pisan contribue à lui forger un caractère vif et indépendant. Tout en acceptant sa condition, elle est aussi libre qu’il est possible et ne se laisse guère impressionner par les titres et autres richesses. Elle est follement amoureuse, sait que c’est peine perdue, qu’elle est perdue elle-même si elle s’entête dans sa passion, mais « aultre n’auray » s’inscrit dans son coeur et devient sa devise.

Cette histoire d’amour est le fil conducteur d’un voyage dans l’espace et le temps.
L’espace parce que Annie Degroote nous décrit tout en détail, des villes, des chemins, des couleurs, des saisons dans une carte du duché de Bourgogne plus vaste que le royaume de France et où l’on découvre que les Flandres sont magnifiques… Son style est très visuel, presque photographique, on y est, on sait où tourner la tête pour voir soit une échoppe soit une église, que sais-je encore ! Le cinéma ne peut rivaliser avec elle, c’est vous dire !
Le temps, bien sûr, avec ses modes vestimentaires si précises que l’on sent presque les étoffes sous nos doigts, ses fêtes et pavois où il nous vient subitement des envies de rire et de chanter, ses superstitions qui nous rebutent d’autant plus qu’elles nous rappellent que nous avons les nôtres aujourd’hui, mais aussi la quête de la beauté, de l’art bien fait, des petits métiers dépendant les uns des autres, le système féodal qui encadre cette société si loin de nous quoique…
Les chemins ne sont pas sûrs hors des terres ducales, on tremble, on pleure devant les tueries des écorcheurs, la misère, et l’on bénit les moines qui recueillent, soignent et prient.

Enfin, il y a les personnages, réels ou fictifs, dont les caractères diffèrent si peu des nôtres que l’empathie est immédiate de même que l’antipathie d’ailleurs…
Leurs émotions nous sont si bien connues ! La haine, la peur, le rejet de la différence, la calomnie, jusqu’au meurtre longtemps impuni par lequel le roman débute. La soif de justice, l’abnégation de soi, le repentir, l’amour enfin : parental, fraternel, familial et … de son âme soeur bien évidemment.

Ceci n’est qu’un avant-goût de ce que vous lirez, il y a des surprises aussi inattendues que bienvenues : je ne dévoile pas, cependant elles valent leur pesant du plaisir de lire.
Croyez-moi, après ce livre, vous voudrez comme moi vous jeter sur le premier qui raconte l’histoire d’Insbette : les racines du temps

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