La chambre écarlate de Nicci French

UNE FEMME DE CONVICTIONS

En résumé :

Kit QUINN, médecin psychiatre travaillant et dans une clinique normale et dans un hôpital pour délinquants psychopathes, est appelée par la police pour évaluer Michael DOLL, un homme fréquentant d’un peu trop près une école. L’entretien de routine, en présence des enquêteurs, tourne à la catastrophe et Kit est sérieusement blessée mais écrit dans son rapport que rien n’indique qu’il représente un danger potentiel. Traumatisée par cette agression, Kit est néanmoins rappelée pour le meurtre d’une jeune fille, Lianne, SDF sans passé ni présent, et dont le principal suspect est le même homme. Tout en essayant de dominer ses peurs, elle va rester professionnelle en allant à l’encontre des préjugés de la police, se fiant à son expérience et son instinct. Ainsi elle seule établit un lien avec un autre meurtre et fait avancer l’enquête jusqu’au final inattendu.

Avis de la presse :

 » (…) un modèle de thriller psychologique. (…) Impossible de lâcher le livre qui résonne en vous longtemps. » Michèle FITOUSSI – Elle

Mon avis :

Je suis loin d’avoir lu tous les ouvrages de Nicci French, mais c’est le troisième que je lis qui a pour héroïne une femme ordinaire que l’on prend un malin plaisir à malmener tout au long des pages.
Serait-ce une démonstration de la force de caractère féminine, hors du cadre imposé par nos sociétés dans lesquelles persiste un relent de machisme diffus, certes, mais insupportable ?
Ici encore, l’emploi de la première personne du singulier nous identifie immédiatement au personnage.
Nous voici donc comme elle, médecin psychiatre habituée à écouter toutes sortes de criminels, plus ou moins atteints de folie, qu’elle a pour patients dans un établissement spécialisé.
Elle est jeune, à peine trentenaire, pourtant c’est elle qu’on sollicite, son patron étant indisponible, dans une possible affaire de pédophilie. Au départ, il s’agit pour la police londonienne de couvrir ses arrières en cas d’erreur, bien qu’elle soit persuadée de la culpabilité du suspect…Une simple formalité qui dégénère en une agression violente dont Kit garde une cicatrice sur le visage. Malgré cela, elle doute fort de sa culpabilité et le fait savoir.
Après plusieurs semaines de repos, elle reste encore traumatisée, ses nuits sont remplies de cauchemars rouges sang… À l’instant où elle reprend son travail, elle est de nouveau rappelée par une police assez goguenarde au sujet du meurtre d’une jeune fille et dont le principal suspect est le même homme qui l’a agressée quelques semaines plus tôt. Elle revoit donc ce Michael, lui parle, l’écoute et reste sur sa position initiale, rien dans ce qu’il dit, dans ses silences ou dans sa posture n’indique qu’il soit coupable même s’il était à quelques mètres de la scène de crime.
Comme souvent dans ses romans, Nicci French nous démontre que l’on peut avoir raison seul contre tous…
Très affectée par la triste fin de la jeune Lianne, elle se met en quête de découvrir tout ce qu’elle peut sur sa vie, à la rencontre d’un monde qu’elle ne connait pas vraiment, malgré son métier… De surprises plus ou moins agréables en découvertes surprenantes elle dévide petit à petit le fil de plusieurs vies brisées.
Pourtant on la rappelle pour lui signifier que l’enquête est close, sur la base d’enregistrements, effectués à l’insu du suspect, sous forme de confidences décousues , au cours desquels il avoue sans vraiment l’avouer le meurtre de la jeune fille. Un traquenard orchestré par la police, une jeune flic sous couverture fait ami-ami avec lui pour le faire parler.
Non seulement Kit est outrée par le procédé mais encore elle démontre que le contenu de ces cassettes ne prouve absolument rien et ne tiendra pas la route lors d’une procédure judiciaire. Sans compter la forte émotion qui s’empare d’elle à écouter la voix de celui qui l’a blessée et qu’elle tente de gérer tant bien que mal. Et il se trouve que ce garçon assez dérangé s’est pris de passion pour elle !
Elle arrive à être professionnelle tout en vivant une violente angoisse intérieure, ils se voient et il lui parle. Il n’est vraiment pas normal, violent parfois (elle en garde une trace visible comme invisible !), mais vraiment pas le profil du meurtrier, elle le sent, elle le sait car c’est son métier.
Au-delà de l’intrigue proprement dite, on voit aussi la solitude tissant un lien dans toutes les strates de la société, les idées préconçues dues souvent à notre expérience qui nous conduit parfois à faire des erreurs de jugement car on a manqué de vigilance, la beauté du monde distillée par les détails sans autre importance, l’amitié solide où les années d’absence ne comptent pas, l’amour et ses dérives, la peur dominant la raison jusqu’à l’irréparable, tragique et si stupide !
Ce livre est un kaléidoscope de paysages urbains, de sentiments, d’ombres et de lumières, révélant façon matriochkas les intérieurs de l’intérieur de l’âme humaine, chaque protagoniste est ainsi décortiqué.
Le titre même de ce livre est volé à la narratrice au profit de l’égocentrisme d’un collègue et ami…
Se fier aux apparences vaut-il mieux que regarder en face la réalité multiple de l’être humain, à commencer par soi-même ?

A quand une adaptation au cinéma ?

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