Pourquoi lire ce livre ?
L’univers de Donato CARRISI est riche de sujets de réflexion auxquels on ne s’attend pas … Surprise !
Résumé :
Mon avis :
C’est un garçon bien tranquille cet éboueur qui vide les poubelles des gens, tout ce qu’il y a de plus discret ! Une routine bien huilée rythme sa vie excepté quand il doit répondre aux ordres du monstre avec lequel il cohabite sous peine d’endurer mille tourments en cas de manquement !
C’est une drôle de petite bonne femme qui tente d’aider ses consœurs en détresse, elle aussi ne souhaite pas se faire trop remarquer car quand on la reconnaît on sait qu’elle est la mère de…
Ce roman aborde plusieurs points de vue autour du même problème cher à l’auteur : l’enfance.
Entre construction et reconstruction des êtres l’on navigue à vue dans ce lac de Côme qui, à l’instar de l’océan, renvoie un jour à la surface ce qu’il a englouti et gardé pour lui des années ou quelques jours durant, peu importe.
Une roue de voiture ou un membre humain ne font aucune différence pour lui : il est Le Lac, vorace et insondable.
Il faut donc beaucoup de force pour lui échapper, surtout quand l’on a cinq ans et que l’on ne sait pas nager…
L’énergie du désespoir nous permet d’accomplir l’impossible toutefois le prix à payer peut être exorbitant dès lors que l’on a encore tout à apprendre : l’être en devenir se construit dans la terreur, l’adulte vit dans la peur constante, en ignorant qui il est, ce qu’il est. Il garde les quelques repères de sa petite enfance, bons ou mauvais, quitte à se scinder en deux pour trouver un équilibre…
Lorsque c’est le cas, sa main droite ne veut ni ne peut savoir ce que fait sa main gauche !
Terrible n’est-ce pas ?
Aussi, à la faveur d’une pulsion aussi inattendue que charitable , il commence à se poser des questions sur le bien-fondé de ce qui régente son existence : et si faire le bien donnait réellement du sens à sa vie ?
Il ignorait qu’il n’était pas seul, que d’autres souffraient comme lui au point de souhaiter mourir !
Exit le fragile équilibre, il ose dire non…
C’est aussi ce que fait la chasseuse de mouches, elle tente de sauver les femmes maltraitées d’autant mieux que les hommes violents elle les renifle à des kilomètres à la ronde ! Et pour cause : elle est la mère de…
L’auteur nous rappelle que l’amour maternel ne va pas de soi, c’est un schéma sociétal dans lequel nous nous inscrivons sans y réfléchir plus avant (cf. entre autres sur le sujet : ‘Émilie, Émilie: L’Ambition féminine au XVIIIe siècle’ d’Élisabeth Badinter).
Nous cheminons aussi sur un sombre sentier de ronces que d’autres victimes, honteuses de crimes qu’elles n’ont pourtant pas commis, arpentent nuit et jour. Ce sont les proches des monstres, souffrant en silence, pour lesquels il n’existe aucune compassion et encore moins de pardon bien qu’ils ne soient ni coupables ni responsables…
Enfin, et nous touchons je crois au propos récurrent chez Donato CARRISI : l’origine du Mal chez les humains.
En effet, l’on peut se demander si le Mal est intrinsèque à un être ou s’il lui est transmis d’une manière anodine voire accidentelle, à l’insu de tous, pour grandir en silence jusqu’au passage à l’acte, rite initiatique du meurtrier qu’il est devenu…
Ce Mal serait-il une entité libre de s’incarner selon son gré comme évoqué dans la série du ‘Chuchoteur’ du même auteur ?
En lisant ce roman il me semble effectivement que la question mérite réflexion…
Bonne lecture et à bientôt