En voilà un que je viens de découvrir ces deux derniers mois, j’ai attendu d’avoir tous les livres composant ‘Les Chroniques Barbares‘ pour les lire dans l’ordre et m’approprier ainsi son héros principal.
Autant vous dire que j’ai été séduite dès les premières pages du premier ouvrage (la chance a voulu que ce soit la troisième réédition avec une relecture et réécriture complète de l’auteur).
Donc, commençons par le commencement : le prénom, Amédée. Peu courant, je pense que vous en conviendrez aisément même quand on a dépassé la cinquantaine !
Surprise : le prénom est à l’image de son propriétaire et vice versa… Sa vieille jaguar, du coup, lui va plutôt bien !
Et il est bien cabossé notre Amédée, comme tout flic ayant de la bouteille, par le métier bien sûr, la plongée dans ce que l’humanité a d’inhumain laisse des traces, alors on se défend façon château fort, autrement on rend sa plaque ! Mais ce n’est pas ce genre de cabosse qui le singularise, il a un ami qui a réellement vécu l’enfer, un survivant que plus rien n’étonne…
Mallock a évidemment sa propre histoire, peu amusante, plutôt traumatisante même, mais ni plus ni moins que celle de beaucoup d’autres enfants. C’est durant cette période qu’il a développé une capacité de survie, celle d’anticiper les coups rien qu’en étudiant le comportement, l’attitude, puis au fur et à mesure les petits signes inconscients émis par les méchants (ou pas vraiment méchants d’ailleurs) avant même qu’ils agissent à découvert ou après qu’ils aient agi. C’est devenu une seconde nature chez lui, une intuition très présente bien pratique dans son métier.
Non, sa grosse cabosse à lui c’est la mort tragique de son petit garçon. Il est détruit de l’intérieur et continue son travail à la surprise générale dès l’enterrement fini, presque comme un automate… Jusqu’au moment où son corps et son esprit, d’un commun accord, disent stop. Mallock disparait des radars pendant un an.
On le découvre donc dans sa ‘première enquête’ quelques années après. Il va mieux, un peu…
En effet, il parle à son fils chaque jour, quand il cuisine, en fin gourmet qu’il est, lui fait aussi découvrir des musiciens ou d’autres formes d’art, tout en sachant parfaitement qu’il s’adresse à un fantôme. Même pas grave, ça lui fait du bien…
De plus Mallock n’est pas n’importe qui car dites-moi quel commissaire peut choisir son équipe au ‘36‘ ?
Lui bien sûr ! En tout cas, son équipe rapprochée. Il en a choisi chaque membre comme pour devenir une nouvelle main, sa Main, chacun étant un doigt, avec sa propre histoire, sa propre vie, mais sans être forcément unis entre eux, ce qui rendrait fou ou génial n’importe quel pianiste !
Au ’36’ puis au ’13’, dans la maison Poulaga on appelle son service le ‘Fort Mallock’.
Ce petit groupe soudé à Mallock est en partie son univers social autant que professionnel, où la jeunesse et l’avenir l’emporte sur lui qui n’a que son passé. La vie se charge de souder ses doigts entre eux.
Petit à petit il s’apaise, utilise quand même des cocktails dont certains ingrédients sont carrément illicites, pour parfois voir son petit, mais souvent maintenant pour ses enquêtes.
Je m’explique, on sait que notre cerveau travaille la nuit réorganisant tranquillement les évènements de la journée pendant que nous dormons.
Souvent, la ou les nuits portant conseil, on a l’esprit un peu plus clair pour résoudre au mieux nos problèmes.
Parfois, il arrive que l’on retrouve au matin ce qui nous préoccupe dans l’état où on l’a laissé la veille…
Face à ces situations nous autres pauvres humains sommes assez désarmés, mais pas notre Amédée !
Lui bénéficie de ses aides citées plus haut, à consommer à vos risques et périls et avec modération !
C’est d’abord un rituel chamanique quelque peu chamboulé parfois selon son état d’esprit du moment, il part pour aller farfouiller dans les entrailles de son propres cerveau, de circonvolutions en neurones, jusqu’aux axones, il reste lui-même, voit, ressent, pressent l’importance de tel ou tel élément et finit par se réveiller, pas toujours en bonne forme !
Retour à la vraie vie, au rationnel. Mallock sait qu’il doit décrypter ses errances, il fait donc le tri entre ses propres démons et les indices que son cerveau a enregistrés à son insu dès le début de l’enquête.
Apparait alors ‘Dédé le devin’, intuition et fulgurances, il met sa Main au travail, on suit ces pistes bizarres dont le Patron, le Boss a le secret mais qui mènent toujours quelque part et permettent d’avancer.
Pour autant, doutant toujours, il échange souvent avec son ami survivant de la Shoah, libraire de son état, amoureux des belles choses et, surtout, atteint d’une nette tendance à la syllogomanie ! Il retrouve en un rien de temps ou des livres introuvables ou des articles de journaux presque aussi vieux que l’imprimerie, c’est dire ! Et si cela ne suffit pas, il a l’entregent nécessaire pour obtenir les informations totalement inutiles pour tout un chacun ! Mais Mallock n’appartient pas à cette catégorie là !
D’autres amis ou collègues apparaissent à plusieurs reprises, en dehors de son chef direct, le légiste, un cafetier surnommé d’office Marius, quelques commissaires, un juge même pour qui la justice importe plus que la carrière…
Et côté sentimental ? Ça semble se réveiller doucement…
Mais, chut !
A vous de découvrir le reste…