Dès le début (ou presque !), l’Humanité a compris qu’il fallait limiter l’expression de nos émotions, notamment les plus destructrices.
Ainsi sont apparues des lois orales ou écrites, profanes ou divines, toutes ayant pour point commun de permettre ce que l’on appelle aujourd’hui le ‘vivre ensemble’.
Bien sûr la plupart des sociétés ont, en plus des lois édictées, toléré voire provoqué des périodes d’exutoire durant lesquelles les peuples pouvaient se défouler par la violence, et ce d’autant mieux que l’on prenait grand soin de leur présenter très régulièrement les bouc-émissaires du moment, bien utiles aux gouvernants.
Les frustrations pour un temps apaisées, la colère retombée, l’on reprenait le cours de sa vie sans que les problèmes soient pour autant et pris en compte et réglés dans leur globalité. Quelques miettes gracieusement accordées par-ci, par-là et vogue la galère !
Et pourtant, nombre de philosophes – pour ne citer qu’eux et je pense à Socrate, Cicéron ou encore Jean-Jacques Rousseau – ont abondamment écrit et démontré tant la nocivité pour la société que l’avilissement et la servitude de l’Homme lorsqu’il se laisse diriger par ses émotions.
Au regard de l’Histoire l’on pouvait croire que nous avions enfin compris que c’est la Raison qui doit canaliser nos Passions, non l’inverse !
C’était sans compter notre nouveau mode de vie régi par l’image (réelle ou non) générant de fait des émotions, appelant une réponse instantanée.
Et c’est compréhensible en ce sens que cela déclenche en nous une cascade de sentiments propres à notre Humanité.
Je m’explique : si la vision de gentils animaux ou de petits enfants heureux (j’exclue évidemment la pédophilie !) nous procure un bien-être passager, au contraire celles de scènes de guerre, par exemple, nous marque plus fortement et pour longtemps.
Nous ressentons de l’empathie, puis de l’impuissance ce qui conduit à la colère que l’on exprime souvent par la violence, quelle soit verbale ou physique.
Et c’est précisément là que manque la Raison.
En effet, au lieu de se distancier de l’Image pour prendre le temps de réfléchir non seulement sur ce que nous voyons mais aussi sur l’origine et l’objectif de ceux qui nous les adressent, nous nous confortons les uns les autres à l’infini sur notre ressenti.
Ainsi nous ne cherchons ni la source ni la volonté affichée ou non, nous subissons et devenons esclave de qui pourrait et voudrait nous manipuler comme il arrive parfois.
Ce n’est guère nouveau à vrai dire, seule l’échelle a changé puisque nous vivons dans un système mondialisé.
Ajoutons à cela que, par commodité, et les inventions humaines pour nous arranger la vie nous le prouvent chaque jour, nous préférons rester entre nous plutôt que de nous confronter à des avis différents ce qui nous obligerait à penser… Fichtre, que d’efforts à fournir alors !
Exit donc les débats calmes, posés et respectueux de l’autre, place aux formules à l’emporte pièce, à la punch line comme on dit aujourd’hui : cela rapporte bien plus de clics donc d’argent !
‘Du choc des idées jaillit la lumière‘ disait, si je ne m’abuse, Boileau.
M’est avis que nous allons rester dans le noir encore un bon moment sans devenir pour autant nyctalopes !
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