La Vie malgré Nous – 2020

Louise VICTOIRE

Pourquoi lire ce livre ?

C’est un témoignage de vie, dont le titre et le très beau dessin de couverture – volontairement très proche de ceux faits par les prisonniers des camps de concentration – donnent un aperçu. Il s’agit aussi d’une ode à la Vie, une lueur d’espoir, une petite flamme vacillante, souvent, mais tenace qui arrive à tout vaincre. Une biographie tout aussi émouvante que poétique.

Résumé :

Mon avis :

Encore une fois j’ai découvert l’auteure grâce aux réseaux sociaux, j’ai aimé d’emblée ses poésies qu’elle a partagées dans le groupe et me suis procuré son récit dès que je l’ai pu.
Et je ne le regrette pas une seule seconde !
Cette histoire nous est contée sous forme de dialogue/monologue entre la narratrice et la confidente. L’emploi de la troisième personne du singulier aide à se distancier du vécu terrible de Louise, nommée Jo-Anne dans le livre.
Car il y a besoin effectivement de prendre du recul face aux révélations toutes plus sordides les unes que les autres et l’on ne peut qu’admirer cette femme qui s’est battue pour survivre afin de pouvoir vivre un jour.
Le langage est parfois crû elle appelle un chat : un chat ! et non pas un félin domestique qui miaule.

Nous rencontrons Jo-Anne adulte, qui a tout largué pour être libre, au moment où – en plein doute – elle reçoit un étrange courrier accompagné d’un journal intime. Entre appréhension et nécessité elle cède à une curiosité remontant du plus profond d’elle-même pour savoir qui était réellement son père que sa génitrice de mère lui a toujours dépeint dans des termes insultants sans arriver pourtant à la convaincre totalement : les souvenirs des bébés sont présents dans l’inconscient qui réagit en envoyant des messages confus mais suffisants pour que l’enfant ressente une gêne l’empêchant de croire vraiment ce qu’on lui dit.
Elle découvre un homme bien, avec ses défauts, mais quelqu’un de bien quand même et commence à avoir des réponses à ce qui la hante depuis si longtemps, elle apprend aussi qu’elle a une tante qui pourra tout lui expliquer si elle le souhaite.

Ni une ni deux, un patronyme peu commun et internet aidant , elle retrouve cette tante Sophy qui lui est envoyée d’outre-tombe.

Belle rencontre bien que tardive, ces deux-là ne se quitteront plus et c’est ensemble qu’elles vont remonter le temps et que Jo-Anne va dérouler le fil de sa vie depuis son enfance. Une catharsis douloureuse et cependant vitale.

Le récit est construit de manière à nous faire entrevoir les choses avant de les savoir, nous met d’abord dans un cocon douillet avec les chats, l’automne, la vue sur le parc qu’elle prend plaisir à admirer et ponctué de moments de détente complices. Cette délicatesse de l’auteure nous permet de supporter l’insupportable comme elle lui permet d’exprimer clairement l’indicible.

Pour autant, j’ai trouvé des moments oniriques magnifiques, de superbes poèmes et une soif, voire une joie de vivre que peu d’entre nous sont à même de comprendre étant donné les circonstances.

Vous avez compris que Jo-Anne a eu une vie terrible depuis toute petite. Enfant battue et violentée, la vie lui réserve parfois des moments de calme en lui montrant qu’il existe d’autres manières de vivre, avant de la replonger dans un environnement de plus en plus glauque au fur et à mesure qu’elle grandit. Elle accumule les expériences malheureuses, tombant de Charybde en Scylla, pour toujours se relever plus écorchée mais aussi plus forte à chaque fois.

L’instinct de survie prend des chemins parfois surprenants, je pense notamment aux rituels que Jo-Anne a mis en place et qui servent de repère non seulement dans son récit mais aussi dans sa vie. Une façon de se préparer à affronter ses démons ou de s’en remettre, c’est selon… Nous nous y plions aussi volontiers, soit pour récupérer en éliminant toutes les toxines que nous recevons comme une série d’uppercuts qui nous ont mis K.O. debout, soit pour nous armer afin de découvrir la suite avec des sentiments partagés entre espoir et découragement, haine et compréhension, mais toujours avec surprise et colère.

Les différents services de l’État sont à la mesure de notre société, rien ne nous prépare à reconnaître les manipulateurs pervers, surtout quand il s’agit d’une mère. Celle-ci est donc vue comme victime et non le bourreau qu’elle est portant bel et bien. L’enfant, elle, est jugée comme difficile, auto-destructrice voire délinquante !

De ce que sa vie fut, je ne vous dirai rien de plus car cela ne rendrait pas hommage à la qualité d’écriture que nous découvrons au fil des pages.

Cependant, les thèmes abordés méritent toute notre attention et notre réflexion. Sans avoir vécu des tragédies, nous pouvons nous retrouver dans les émotions des uns ou des autres et c’est aussi ce qui rend ce livre si prenant.

La culpabilité : il me semble que c’est l’une des toutes premières frustration de l’être humain, et cela commence dès la naissance. Si maman n’aime pas bébé c’est que bébé est méchant et cela s’aggrave en grandissant car, bien sûr, rien n’est plus faux ! Il n’empêche que ce sentiment perdure malgré les efforts incessants de l’enfant. Il n’y a rien de plus terrible que de se sentir coupable d’une faute dont on ignore la nature…

La honte : directement liée à la culpabilité, dans ce cas précis, elle est surtout ressentie par les personnes les plus vulnérables quel que soit leur âge et trop souvent encore jusqu’à leur mort.

La solitude et la mauvaise image de soi : quand on est rejeté depuis l’enfance cela nous forge, certes, mais en déformant notre personnalité intrinsèque, on existe pourtant on est rien donc sans droit à une vie sociale.

La colère : c’est le sentiment né de l’impuissance à agir et lui aussi augmente au fur et à mesure que l’on subit les évènements, que nous soyons directement impliqués ou non face à une situation tragique, injuste, d’autant plus puissante quand les solutions existent et ne sont pas mises en oeuvre.

La trahison : dans ce récit, chaque protagoniste se sent trahi, à commencer par la mère. Cela provoque une réaction en chaîne aboutissant à ces tragédies intimes. Tous souffrent et leurs actions en sont le reflet.

Se construire avec tous ces ingrédients dès le berceau a tout d’une gageure, cependant la Vie est tenace et nous avons la preuve que l’on peut passer de l’état de survie à la vie, malgré les Autres, malgré Nous (notre fichu inconscient ne met jamais ses pendules à l’heure tout seul) grâce à la volonté, à la rage, d’une part et surtout à la libération de la parole d’autre part. La résilience est à ce prix…

Ce roman témoignage le prouve, avec lucidité et humour, l’auteure nous démontre que quoi qu’il puisse nous arriver nous seuls avons la capacité d’accepter notre passé qui fait ce que nous sommes. Nous devons en passer par là pour avancer et éviter de revivre ad vitam les mêmes situations dramatiques.

Je pourrai vous en écrire encore des lignes concernant ce livre !

Juste une dernière chose avant que je vous laisse vous précipiter pour le lire, je ressens un grand malaise en me posant la question suivante : serais-je capable de détecter cette souffrance dans mon environnement et de faire le nécessaire ?

Avis des lecteurs sur Babelio

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