Pourquoi lire ce livre ?
Un plongeon dans la Rome antique comme si nous y étions, pour découvrir l’histoire d’un pape trop méconnu dont l’une des décisions reste encore fondamentale : le pardon des péchés. Une fresque historique captivante qui nous tient en haleine de bout en bout.
résumé :
Mon avis :
En 175 après Jésus-Christ, Calixte, un jeune Thrace (région des Balkans), dont le père est assassiné sous ses yeux, se retrouve vendu comme esclave à Rome.
C’est un être rebelle, certes, cependant son maître sent en lui un énorme potentiel qui serait bien utile pour maintenir ses affaires florissantes.
Nous voici immergés dans la vie non seulement des esclaves mais aussi des citoyens romains, devenant ainsi les témoins privilégiés des luttes de pouvoir acharnées se manifestant dans toutes les couches de cette société hiérarchisée où l’empereur règne en maître divin.
Très rapidement le jeune homme est confronté au christianisme encore balbutiant, plus ou moins toléré selon qui occupe le palais impérial.
La rencontre est rude, comme la vie, surtout que notre nouvel esclave n’entend pas renoncer à la religion de ses pères, il est disciple d’Orphée, seule survivance de son passé.
Nous voyageons au gré de ses aventures jusque dans les mines de sel où la survie même constitue un miracle en soi.
Le malentendu et l’incompréhension qui ont poussé Calixte à rejeter violemment la nouvelle religion se dissipe dans ce lieu oublié des Hommes, un de ces endroits qui rend d’autant plus remarquable toute manifestation d’humanité qu’elle y semble incongrue.
Nous suivons donc la vie de cet homme que rien ne prédestine à devenir l’un des successeurs de Saint Pierre, et encore moins à laisser pour l’éternité un édit encore en vigueur de nos jours, un des piliers les plus solides du Christianisme : la rémission absolue des péchés, promulgué en février 222 de notre ère.
Une telle action, ça pose son homme, n’est-ce pas ?!
Le travail de recherche de l’auteur est proprement confondant : nous ne connaissons Calixte que par les écrits de son principal opposant Hippolyte. C’est donc une lecture en creux de ces textes qui nous aide à appréhender une forte personnalité que les aléas de la vie façonnent jusqu’à l’accomplissement de son destin.
Autre personnage majeur de ce récit : Marcia, maîtresse de l’empereur Commode, elle aussi tombée dans les oubliettes de l’Histoire, à tel point que l’Église ne reconnut jamais son rôle de protectrice des Chrétiens auprès de l’empereur, peut-être parce que la rumeur veut qu’elle l’ait assassiné pour sauver sa vie ainsi que celle de bon nombre d’autres innocents, Chrétiens ou non…
Outre la fresque historique passionnante, foisonnante de détails de la vie quotidienne , je retiens les furieux débats traversant ce nouveau courant de pensée, cette philosophie révolutionnaire prônant l’égalité des êtres, l’amour d’autrui et toutes ces autres petites choses fondant le Christianisme dans l’aspiration de l’avènement du royaume de Dieu sur Terre. Les contemporains se demandant par ailleurs combien de temps ils devraient encore l’attendre, eux qui pensaient que ce devait être imminent…
Quand on voit la violence des échanges concernant la façon de vivre selon les préceptes messianiques, l’intolérance dont faisaient preuve certains envers d’autres adeptes de la même foi, je ne peux m’empêcher de me demander si nous avons vraiment évolué en deux mille ans tant il me semble que nous restons dans un schéma de pensée sectaire, que ce soit pour des questions religieuses, philosophiques, politiques, sociétales ou que sais-je encore !…
Ce roman historique nous donne à réfléchir, remettant en perspective nos propres réactions d’aujourd’hui dans un monde tout aussi chaotique qu’alors, fait de chair, de sang, de larmes comme de joies et d’amour.
Donc je m’interroge : de combien de temps aurons-nous encore besoin avant de tout simplement nous aimer les uns les autres, ou, à défaut, de ne point nous détester ?
Aliana 62
Le 23/11/2024
