Pourquoi lire ce livre ?
Plus vrai que nature, ce polar vous parle en terme crus d’une société qui se délite à l’image de certains quatiers de Paris, personnage à part entière dans ce récit. Un style politiquement très incorrect à ne pas prendre au premier degré.
Résumé éditeur :
Paris connaît une vague de terreur. Une jeune secrétaire, un imam, un rappeur, un assassin, un voleur… Tous retrouvés égorgées. Aucun lien apparent, si ce n’est un mystérieux message reçu par chacune des victimes quelques jours avant leur mort. La psychose s’installe. En haut-lieu on panique, on trépigne, on menace. Au 36 Quai des Orfèvres, en plein mois d’août, il ne reste guère que le commissaire Giovanni Dell’Orso, qui ne batifole pas sur les plages. En pleine déprime, il hérite donc de cette affaire qui s’avère particulièrement embrouillée. D’autant que, des bas-fonds de Paris aux quartiers chics, le tueur franchit progressivement toutes les limites, y compris celles de sa folie meurtrière…Comment arrêter un tueur qui n’a rien à perdre ?
Mon avis :
J’ai connu l’auteur via les réseaux sociaux et j’en suis ravie.
Voici donc une nouvelle équipe d’enquêteurs de la criminelle, un quatuor dont le chef est le commissaire Dell’Orso.
Pour l’heure, il est un peu seul au 36 (oui, je sais, ils ont déménagé depuis), vu qu’on est au mois d’Août, période durant laquelle on peut espérer que les méchants prennent aussi leurs congés.
Las ! Une série de meurtres sordides vient troubler le calme estival de la capitale.
Le résumé de l’éditeur suffit à nous mettre l’eau à la bouche.
Plusieurs éléments m’ont intéressée lors de ma lecture :
tout d’abord les personnages, d’aucuns les trouveront trop caricaturaux tant l’auteur s’amuse avec les codes de notre époque, tout en apportant des nuances via son héros principal.
Au lieu de voir un raciste macho dans son adjoint, j’y ai trouvé un hommage à Frédéric DARD avec son Bérurier.
Si vous avez lu San-Antonio vous comprendrez aisément et, dans le cas contraire, je ne peux que vous inviter à vous plonger dans ces classiques du genre, déjà osés lors de leur parution.
Ensuite j’ai apprécié le style fluide au vocabulaire soutenu ou familier à la façon parfois de Michel AUDIARD, la retranscription des accents m’a tout d’abord surprise puis je m’y suis faite car dans la vraie vie, on entend tous les accents, surtout quand ils sont différents du nôtre ! J’espère retrouver dans ses romans déjà parus des consonnances venant de tout l’hexagone comme d’ailleurs !
Quand je vous dis qu’il ne faut pas prendre ce récit au premier degré !
De plus la construction est particulièrement réussie car nous savons qui est le tueur sans avoir de nom, quelques indices semés deci-delà sont censés nous aider, toutefois difficile de trouver le coupable avant le commissaire !
Agaçant autant que jouissif tant la narration en parallèle est bien ficelée.
Enfin, les différents thèmes abordés.
La pression sur les enquêteurs, les dérives de la Presse et, surtout, ‘l’échec’ d’une reconstruction suite à un traumatisme violent.
En effet, on a l’impression que la résilience, comme on dit aujourd’hui, ne peut être que positive pour l’individu et la société. Or s’il me parait nécéssaire de mettre en avant ces incroyables revanches sur le passé, il n’en demeure pas moins vrai que cela ne fonctionne pas toujours aussi bien, surtout quand on est seul (volontairement ou non) et que les réponses que l’on trouve soi-même reflètent un état de folie intime.
Quelle que soit la planche de salut, la pousser à son paroxysme a des conséquences tragiques que la soif de justice et d’absolu ne peuvent excuser. Le problème réside dans le fait que quand on l’atteint, on est déjà au-delà des règles, des lois ou de la morale des Hommes.
Où sont les structures spécialisées, les personnels formés pour détecter et gérer sur le long terme quiconque a vécu ou vit une situation traumatisante ?
Certes, des efforts sont faits, réellement, néanmoins nous avons tellement de retard que tout semble insuffisant avant même d’être appliqué !
Bref, comme je ne veux pas vous divulgâcher le dénouement de l’intrigue je m’arrête pour continuer de lire les aventures du commissaire Dell’Orso…
Aliana 62
18/09/2024